Bars et discothèques : les démarches
Cette fiche concerne l’application de la réglementation en cas de diffusion de musique enregistrée dans un lieux clos, de manière habituelle, à fort niveau sonore et avec une sonorisation fixe
Cette fiche a pour objectifs de donner les éléments clefs de l’application de la réglementation dans les bars et discothèques. Elle permet d’avoir une vision générale des enjeux ainsi que d’ouvrir sur des possibilités et des exemples de mise en oeuvre.
Il n’est pas question ici d’aller dans le détail de l’application de la réglementation d'autant que chaque cas de figure est différent. Les exemples de solutions ne sont pas des recettes pouvant être appliquées directement. Dans tous les cas, il faudra se rapprocher des acteurs spécialisés qui pourront avoir une vision générale de l’application du texte, de la sensibilité de l’exploitation et des éventuelles solutions pouvant être mises en oeuvre.
Cette fiche s’adresse aux lieux clos diffusant sur sonorisation fixe.
Ce cas ne correspond ni à celui des salles de concert ou de spectacle, ni à celui des bars à ambiance musicale diffusant à faibles niveaux :
À titre d'illustration les lieux pouvant entrer dans cette catégorie sont:
Le lieu doit mettre en place une série d’actions ayant pour but la maîtrise des niveaux sonores de diffusion afin de respecter les critères réglementaires. Ceux-ci ont deux objectifs : la prévention des risques pour la santé auditive du public et à la protection de la santé du voisinage.
Respecter, en tout point accessible au public, les niveaux d'exposition 102 dBA et 118 dBC (94 dBA et 104 dBC pour les spectacles dédiés aux enfants de moins de 7 ans)
Voir aussi : CADRE REGLEMENTAIRE / Obligations réglementaires Respecter un niveau sonore maximal.
Il convient de respecter des critères d’émergence (dans les locaux à usage d’habitation ou destinés à un usage impliquant la présence prolongée de personnes).
Pour les bruits produits à l’intérieur des lieu clos
Voir aussi : CADRE REGLEMENTAIRE / Quels sont les lieux concernés ? Qu'est-ce qu'un lieu clos ? Qu’est-ce qu’un lieu ouvert ?, doivent être respectées les valeurs limites d’émergence suivantes :
Cette émergence ne concerne que les bruits présents ou produits à l’intérieur du lieu clos.
Les bruits produits à l’extérieur d'un lieu clos (bruit des équipements de climatisation, bruit des personnes à l’extérieur du lieu, etc.) entrent dans le droit commun des bruits de voisinage, ce sont donc les règles d’émergence suivantes qui s’appliquent :
Voir aussi Obligations réglementaires / Respecter des critères démergence : lieux clos
L’établissement doit avoir et mettre à disposition de l’administration, une Etude de l’lmpact des Nuisances Sonores (EINS). Cette étude est destinée à faire un état des lieux de l’établissement et de son voisinage ainsi qu’à définir les niveaux sonores limites d’exploitation en vue du respect des critères d’émergence chez les riverains.
L’EINS doit être à jour à chaque instant. C’est à dire qu’en cas de modification suffisamment significative pouvant induire une modification de l’exposition du voisinage, il est nécessaire d’envisager sa mise à jour (exemples de cas). Dans tous les cas, il est nécessaire de contacter l’organisme en charge de cette étude afin de vérifier avec lui la pertinence d’une mise à jour.
La mise à jour pourra être motivée tant par l’état descriptif de l’établissement (création d'ouvertures, équipements de sonorisation, état du bâti...) que par une modification du niveau limite d’exploitation et des conditions d’exploitation (horaires...).
Exemples de cas où la mise à jour de l’EINS est nécessaire :
Dans le cadre de la protection du public, les discothèques et des grands lieux doivent en plus :
L'EINS doit obligatoirement contenir un volet spécifique de la sonorisation extérieure.
De ce point de vue, dans le cas d’un lieu comprenant à la fois une partie close et une partie ouverte, la terrasse, par exemple, ne peut être considérée comme une extension du lieu clos, et l’espace clos et l’espace ouvert doivent être considérés différemment, sauf à prendre volontairement en compte les règles les plus protectrices du voisinage (émergence spécifique aux bruits produits en lieux clos) pour l’ensemble de l’activité.
L’EINS prend en compte ce double régime :
A ces deux modes de fonctionnement, correspondent des réglages différents vis-à-vis de la protection du voisinage. Notamment, lorsque la porte ou la devanture reste ouverte, des capteurs placés sur les ouvrants peuvent permettre de basculer automatiquement du réglage « configuration fermée » au réglage « configuration ouverte ».
L’impact de la diffusion doit être prise en compte avec un haut niveau de priorité dans la création et l’exploitation d’un établissement ou d’une activité répondant aux critères.
Deux angles d’attention différents mais qui se rejoignent sont donc à prendre en considération :
Ces deux considérations doivent être travaillées à tous les stades de la vie d’un établissement.
On pourrait mettre en avant trois grands stades de la vie d’un établissement vis à vis de la problématique du bruit :
Beaucoup de critères arrivent avant les problématiques de bruit dans le choix d’implantation, de reprise et d’aménagement d’un établissement : l’emplacement, la zone de chalandise, la taille, l’organisation du local, la préexistence et le type de clientèle (en cas de reprise), le prix d’acquisition ou du loyer…
Malheureusement, l’aspect acoustique est généralement peu, voire pas du tout intégré, ni dans le choix, ni dans la conception du projet, ni dans l’aménagement et les travaux.
Parfois, lorsque l'acoustique fait partie des préoccupations, son niveau de prise en compte est insuffisant. Or, les conséquences d'une prise en compte inadaptée peuvent dans beaucoup de cas se révéler handicapantes pour l’exploitation et même parfois remettre en cause la pérennité de l’exploitation.
Il est donc important d’intégrer un diagnostic et une faisabilité réalisés par un spécialiste de l’acoustique. Cela peut se faire en amont d’un engagement de reprise, d’achat ou de location, moyennant une intervention plus ou moins lourde en fonction du niveau de connaissance souhaité.
Il faut rester pragmatique devant un projet et correctement prendre la mesure du risque et des éventuelles difficultés tant financières que techniques et d’exploitation future à surmonter.
Plus l’acoustique sera intégrée en amont, plus le futur aménageur et exploitant pourra anticiper non seulement les travaux à envisager et donc les budgets, mais aussi la manière dont il pourra exploiter son établissement.
Inutile de rêver de diffuser « plein pot » dans des locaux identifiés comme sensibles par un diagnostic qui montre la nécessité de réaliser des travaux lourds quand on sait qu’on n’a pas les moyens de les faire. Il faudra alors soit chercher les budgets, soit chercher un autre local, soit modifier le concept…
Par conséquent, mieux vaut anticiper que devoir gérer en cours de projet, ou pire, en cours d’exploitation.
Ensuite, il faut exiger la correcte intégration de la problématique dans la mise au point et la réalisation des aménagements du projet. Adapter l’acoustique à son environnement est sensiblement plus complexe que de choisir la couleur des murs ou la localisation des cloisons… C’est pourquoi, il faut s’assurer de la compétence de ceux qui vont intervenir sur le sujet.
La réussite d’un projet est liée à une correcte prise en compte de l’existant, la définition « acoustique » du projet (programme), la parfaite connaissance du sujet par les personnes devant réaliser les études et les travaux d’aménagement. Un programme acoustique doit être établi en amont. Il doit regrouper factuellement les objectifs souhaités pour l’exploitation et les différents critères à intégrer lors de la conception et les travaux. On doit savoir ce qu’on veut faire pour pouvoir le réaliser ensuite.
Faire la conception, assurer la maîtrise d’oeuvre et réaliser les travaux soi-même s'avère, dans les cas potentiellement sensibles, souvent particulièrement risqué. La réussite acoustique d’un projet répond à des critères d'exigence et de connaissance qui sont loin d’être partagés et d’être innés. C’est pour cela qu’il faut prévoir l’intervention de sachants tels que les bureaux d’étude en acoustique spécialisés et cela, si possible, tout au long de cette phase critique de mise au point et de réalisation du chantier. Ces compétences viendront compléter celles d’un architecte ou d’un maître d’oeuvre qui, eux, sont généralistes et rarement compétents en acoustique des locaux dédiés à la diffusion de musique.
Ensuite le choix des entreprises de travaux est déterminant. Celles-ci doivent être suffisamment sensibles et formées aux méthodes et exigences de la correcte prise en compte et mise en oeuvre des travaux participant à la réussite acoustique du projet.
En fin de projet, un diagnostic doit être réalisé dans le cadre de la réalisation de l’EINS. Encore une fois, le choix de l’intervenant doit être éclairé. Même si le prix d’une telle intervention d’ailleurs potentiellement très variable est un facteur important dans le choix, il ne doit pas être totalement déterminant.
C’est l’EINS qui déterminera le niveau maximum d’exploitation. C’est dire s’il faut s’assurer de la compétence et de l’expérience du prestataire.
Une EINS mal réalisée peut induire :
En outre, l'intervenant pourra dans certain cas prodiguer de réels conseils en amont ou en aval de la réalisation de la partie diagnostic de l’EINS.
Durant l’exploitation normale, il importe d'apporter une attention constante à la conformité de l’exploitation. Limiter son impact général, et donc sonore également, vis à vis du voisinage, doit relever d'une préoccupation quotidienne.
Il faudra :
D’une façon générale, il faudra aiguiser sa sensibilité au risque de nuisance et aux bonnes relations avec le voisinage et les autorités en charge des contrôles.
Un problème lié au bruit ou à sa gestion peut se manifester de plusieurs façons :
Il est important de prendre correctement en compte le problème avec son voisinage lorsqu’il apparaît. C’est capital pour trouver une solution efficace, pour attester de sa bonne foi et pour préserver la pérennité de son établissement. « L’autruche » ou les « gros bras » ont inévitablement des conséquences lourdes à court et moyen termes.
En amont de la réalisation du diagnostic acoustique, le bureau d’études en acoustique ou l’ingénieur-conseil en acoustique peut proposer à l’exploitant de mettre en œuvre les actions suivantes :
De plus, les autres travaux d'aménagement d'un établissement peuvent avoir un impact sur les caractéristiques acoustiques de l'établissement. Il conviendra également à titre de précaution de demander un avis à un spécialiste afin qu'il puisse estimer le risque lié à ces transformations. Pour mémoire, certaines transformations peuvent remettre en cause les résultats de l'étude de l'impact des nuisances sonores et peuvent nécessiter une mise à jour de celle- ci.