Le contexte

bar leblue

Crédit photo : Pixabay - Michel Oeler

L’établissement bar de nuit le « Blue » situé en plein centre du vieux quartier d'une grande ville, est en vente. M. Paul, acheteur potentiel, s’interroge sur l’opportunité commerciale, financière et technique de reprendre l’établissement.

Il doit prévoir les budgets nécessaires tant à la reprise qu’aux travaux de modification. Mais en amont, il doit statuer sur son engagement et le risque qu’il prend.


Dans ce cadre, M. Paul a pris la précaution de s’intéresser à limpact vis à vis du voisinage de l’établissement actuel qu’il convoite. Il a pris contact avec la mairie qui lui a signalé l’existence de plusieurs plaintes de voisinage émanant de riverains directement mitoyens et d’autres riverains de la rue. Il lui a été précisé que certains se plaignent de la musique diffusée et d’autres de la nuisance de la clientèle à l’extérieur de l’établissement. Les services de la mairie précisent que l’établissement est sensible et qu’il fait l'objet d'une surveillance de leur part.

Il est vrai que le « Blue » est situé au cœur d’un quartier en pleine mutation où viennent de s’ouvrir l’un après l’autre de nouveaux établissements de nuit. La vie nocturne du quartier a été bouleversée depuis trois à quatre ans.


M. Paul est bien conscient du potentiel de l’emplacement car le monde attire le monde et le « Blue » est particulièrement bien placé.

Il comprend néanmoins que l’établissement en exploitation pose un problème de nuisance qui peut être rédhibitoire dans une exploitation sereine du lieu. Il décide de faire appel à un acousticien pour l’aider à mieux comprendre les enjeux.

La mission de conseil de l'acousticien

Dans un premier temps, l’acousticien propose à M. Paul une mission de conseil et d’avis destinée à dresser un constat de l'existant et de donner les premières orientations. Lors de cette visite, M. Paul lui explique ce qu’il envisage comme type d’exploitation et ce qu’il a pu récolter comme information sur l’établissement. Il lui communique notamment l’EINSEtude de l’impact des nuisances sonores
Voir aussi : CADRE REGLEMENTAIRE / Obligations réglementaires Posséder une EINS à jour
de l’établissement qu’il a récupérée auprès de l’exploitant actuel. L’acousticien se rend compte de plusieurs choses dont il fait part directement à M. Paul :

Les premiers riverains mitoyens du local ont tous des chambres en cœur d’îlot, une zone qui pourrait être (très) calme. Parmi ces riverains, il identifie celui qui s’est déjà plaint du bruit auprès de la mairie. Singulièrement, son logement ne se situe pas immédiatement au-dessus de l’établissement (logement le plus sensible habituellement). Il faudra être vigilant pour identifier tous les logements sensibles même en l’absence de plainte.

La surface d’exploitation destinée au public de l’établissement est assez grande. La hauteur sous plafond, relativement haute, laisse entrevoir la possibilité de mettre en place un véritable plafond acoustique, à la place du faux plafond actuel qui est assez peu efficace (dalles de laine minérale). M. Paul souhaite conserver l’un des murs, qui est en briques apparentes, pour son esthétique. L’acousticien précise directement que ce mur, à la fois léger et rigide, constitue un risque important de transmission du bruit vers les logements mitoyens.

Le renouvellement d’air de l’établissement est assuré par une simple VMC dont la bouche d’aspiration est située dans les toilettes. Par temps chaud ou lorsque l’affluence est à son maximum, nul doute que la température ambiante monte de façon importante. Ce qui risque de se traduire par des ouvertures de portes pour amener de l’air frais, et donc de laisser le bruit sortir vers l’extérieur.

L’acousticien conclut que l’établissement est aujourd’hui particulièrement sensible mais que, moyennant des travaux adaptés et relativement lourds ainsi qu’une adaptation acceptable des conditions d’exploitation, il est tout à fait envisageable d’obtenir un résultat limitant le risque de gêne de voisinage. Cela nécessitera de réaliser un vrai projet de travaux avec des études obligatoires de définition des solutions, un chantier bien maitrisé. Un budget assez lourd est à prévoir. Fort de ces conseils, M. Paul a une vision plus concrète des contraintes réelles auxquelles il va devoir faire face. Il demande un compte-rendu écrit afin de pouvoir discuter avec le vendeur et statuer avec ses associés de la poursuite du projet.

L’étude de faisabilité

Une étude de faisabilité est ensuite réalisée pour confirmer l’avis, quantifier les besoins d’amélioration et préciser les enjeux de travaux.

La conclusion de la faisabilité est qu’en limitant les niveaux notamment dans les basses fréquencesLa fréquence, exprimée en Hertz (Hz, nombre d’oscillations par seconde), correspond au caractère plus ou moins grave ou aigu d’un son. Les basses fréquences sont très présentes dans les musiques dites actuelles. Elles sont perçues dans le voisinage comme des bruits sourds et répétitifs (souvent exprimés comme des « boum-boum »). On divise en général cette gamme de fréquences comme suit (à titre indicatif) : les très basses fréquences ou sub-basses de 30 Hz à 63 Hz; les fréquences basses de 63 Hz à 250 Hz, et les fréquences bas-médiums de 250 Hz à 500 Hz. La particularité des basses fréquences - qui correspondent à des grandes longueurs d’ondes - est qu’elles se propagent très facilement aussi bien à l’intérieur des bâtiments qu’à l’extérieur (elles se propagent à grande distance). Une autre particularité de ces ondes de basses fréquences est qu’à l’intérieur d’un grand volume, elles peuvent engendrer des modes d’énergie stationnaire qui rendent leur mesurage complexe (grand variation d’intensité selon le lieu)., il est envisageable de réaliser des améliorations significatives : doublage des murs et du plafond, remplacement de la façade, création d’un sas, mise en place d’une climatisation adaptée et pose d’un limiteurUn limiteur est un appareil électronique équipé d’un microphone dont l’installation permet de garantir le non-dépassement des valeurs de réglages prescrites dans l’EINS. En cas d’atteinte du niveau prescrit, le limiteur peut : soit atténuer le signal audio de la sonorisation (destiné aux discothèques ou bars musicaux) soit couper l’alimentation du système de diffusion (destiné aux salles des fêtes, salles polyvalentes). Attention : le limiteur doit être réglé aux valeurs déterminées par l’EINS puis scellé par un installateur agréé par le fabricant. couplé à un processeurAppareil permettant le traitement numérique du signal. Il en existe de plusieurs sortes et ils peuvent extraire les signaux, les filtrer, les diminuer, les augmenter… sur la sonorisation.

M. Paul décide d’acheter l’établissement après avoir fait traduire ces principes de faisabilité en budget travaux pour valider la rentabilité du projet. Il fait appel à une équipe pour établir la stratégie de travaux. Il faut les autorisations de la copropriété, de l’architecte des bâtiments de France et du propriétaire des murs. Conscient des enjeux, M. Paul constitue une équipe constituée d’un architecte, de son partenaire acousticien et, si besoin, d’un bureau d’étude technique spécialisé dans la structure et les fluides. L’équipe s’attache à proposer des solutions adaptées à l’existant, en prenant en compte : la solidité des structures vis à vis notamment du poids des matériaux rapportés pour l’insonorisation ; la décoration ; les enjeux liés à la sécurité et à l’accessibilité handicapés.

Les études confirment l’étude de faisabilité en y intégrant une contrainte forte complémentaire liée au traitement de l’air et au rafraîchissement : il faudra installer une centrale de traitement d’air qui va induire la mise en place de silencieux assez conséquents afin de limiter d’une part, que le bruit de la machine n’occasionne des bruits de voisinage et, d’autre part, que les sons de la musique amplifiée ne sortent pas avec l’air expulsé.

Une partie de la cave sera donc condamnée pour cela. Même si M. Paul aurait aimé exploiter la cave, il s'est rendu à la raison quand il a pris la connaissance de son extrême sensibilité et du fait qu'il y a obligation d'avoir une centrale de traitement d'air qui en condamne une partie.

La phase travaux

Bien choisir son entreprise est essentiel pour les travaux sensibles. Ce n’est pas forcément le copain du cousin qui s’est mis à son compte qui est le plus qualifié même s’il peut l’être. L’acousticien vient parfois réaliser des contrôles et s’attache de par sa participation à la mise au point des détails. On tombe sur des points singuliers à la démolition notamment des anciens conduits de cheminée qui nécessitent l’adaptation des détails du projet. Les voisins déjà inquiets, s’impatientent notamment à cause du bruit des travaux et de la poussière. Une visite est organisée pour montrer tout ce qui est mis en œuvre pour éviter qu’ils soient gênés par la suite. Ils comprennent le sérieux de ce qui est entrepris. La sonorisation répartie avec une localisation d’une zone plus « sonorisée » avec un petit caisson de basse et des rappels de bonne qualité au plus proche du public pour limiter la puissance de diffusion La puissance acoustique (Lw) est la puissance émise au niveau de la source sonore pour générer les ondes sonores. Avec la directivité, c’est en quelque sorte la signature acoustique de l’équipement. La puissance acoustique est une caractéristique intrinsèque au produit, elle est exprimée en watts (W). Le niveau de puissance acoustique s’exprime en dB.

Fin des travaux

Des mesures de réception sont réalisées et l’EINSEtude de l’impact des nuisances sonores
Voir aussi : CADRE REGLEMENTAIRE / Obligations réglementaires Posséder une EINS à jour
est rendue. Le limiteurUn limiteur est un appareil électronique équipé d’un microphone dont l’installation permet de garantir le non-dépassement des valeurs de réglages prescrites dans l’EINS. En cas d’atteinte du niveau prescrit, le limiteur peut : soit atténuer le signal audio de la sonorisation (destiné aux discothèques ou bars musicaux) soit couper l’alimentation du système de diffusion (destiné aux salles des fêtes, salles polyvalentes). Attention : le limiteur doit être réglé aux valeurs déterminées par l’EINS puis scellé par un installateur agréé par le fabricant. est réglé à un niveau de 15 dBA supérieur à l’ancien réglage pour le « Blue ». C’est une vraie réussite. Mais que de travaux pour ce résultat. Dans les basses fréquencesLa fréquence, exprimée en Hertz (Hz, nombre d’oscillations par seconde), correspond au caractère plus ou moins grave ou aigu d’un son. Les basses fréquences sont très présentes dans les musiques dites actuelles. Elles sont perçues dans le voisinage comme des bruits sourds et répétitifs (souvent exprimés comme des « boum-boum »). On divise en général cette gamme de fréquences comme suit (à titre indicatif) : les très basses fréquences ou sub-basses de 30 Hz à 63 Hz; les fréquences basses de 63 Hz à 250 Hz, et les fréquences bas-médiums de 250 Hz à 500 Hz. La particularité des basses fréquences - qui correspondent à des grandes longueurs d’ondes - est qu’elles se propagent très facilement aussi bien à l’intérieur des bâtiments qu’à l’extérieur (elles se propagent à grande distance). Une autre particularité de ces ondes de basses fréquences est qu’à l’intérieur d’un grand volume, elles peuvent engendrer des modes d’énergie stationnaire qui rendent leur mesurage complexe (grand variation d’intensité selon le lieu)., les limitations sont obligatoires mais n’empêchent pas une qualité d’écoute correcte, bien adaptée au style musical du projet. Dans l’ancien établissement, il n’y avait pas de basse, c’était affreux. Les basses sont raisonnables et le processeurAppareil permettant le traitement numérique du signal. Il en existe de plusieurs sortes et ils peuvent extraire les signaux, les filtrer, les diminuer, les augmenter… est réglé pour couper les fréquences très basses qui sont très peu atténuées par les murs. D’ailleurs, un ajustement a dû être réalisé dès le début de l’exploitation car les très basses fréquences étaient encore trop présentes chez un des riverains. Cet ajustement s’est avéré sans dommage pour l’exploitation. Le réglage du processeur permet également d’éviter que ce soit le limiteur qui entre en action. Cela permet de préserver la cohérence et la qualité de la diffusion musicale. C’est rendu possible grâce à un niveau de diffusion adapté au besoin d’exploitation de l’établissement.